Le développement de l’ENSATT, une stratégie recentrée sur « la construction d’identités créatrices singulières »

@ Isabelle Replumaz

Vous venez de prendre vos fonctions à l’ENSATT : qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre l’ENSATT et à accompagner ses talents dans leur développement et à l’international ?

Au gré de mon parcours personnel et académique, j’ai eu la chance de cultiver une affinité particulière pour les politiques culturelles : j’ai complété mes années passées à l’Institut d’études politiques de Lille par un Master 2 qui m’a spécialisé en droit du patrimoine culturel et du marché de l’art. Pour autant, je n’ai pas à proprement parler une formation de juriste, et je ne suis pas exclusivement passionné par les arts plastiques. Tous les arts sont pour moi des témoins vivants, sensibles, des cultures du passé et du présent, qui méritent à ce titre d’être partagés et encouragés : c’est cette conviction qui a, je crois, amené ma responsable — Olivia Chateau, directrice du développement de l’ENSATT depuis 2016 — et le directeur Laurent Gutmann, à me confier ce poste pour débuter ma vie professionnelle.

C’est en tout cas l’envie et l’énergie que j’ai envie d’apporter au projet d’établissement, résolument voué à « accompagner des talents » pour reprendre vos mots, et non pas seulement à former des cohortes de professionnels sans tenir compte de l’importance de construire des identités créatrices singulières, qui font la richesse de l’art du théâtre. Nous souhaitons que la dimension humaine soit donc au moins aussi présente que la dimension technique dans la formation des étudiants, pour qu’ils en sortent grandis : en tant que créateurs, experts, mais surtout citoyens. Or, pour faire de ses années passées à l’ENSATT une authentique chance d’émancipation, rien ne vaut la possibilité de rencontrer des camarades et des professionnels du monde entier, nourris d’autres imaginaires et croyances, d’autres mémoires, d’autres techniques et savoir-faire.

Pouvez-vous nous décrire votre action et nous expliquer votre mission ?

La mission principale et nouvelle de mon poste est de « donner vie » à la Fondation Entrée en Scène, créée fin 2020 par l’ENSATT et le Théâtre national de la Colline. Cette création conjointe est partie du constat, bien avant la crise actuelle liée à la pandémie de Covid-19, qu’il est nécessaire d’imaginer de nouvelles solutions pour aider les jeunes générations du théâtre à s’insérer professionnellement, mais aussi dans la mesure du possible pour sécuriser le suivi de leurs études. L’ENSATT a la chance unique en Europe de former à tous les métiers du théâtre en un seul lieu : elle a par conséquent la responsabilité, en retour, de garantir à tous ses étudiants, quel que soit le parcours suivi, les conditions de sérénité matérielle et humaine indispensables à leur engagement entier et constant dans une formation d’excellence.

L’école, forte de quatre-vingts ans d’histoire, revendique cette excellence ; mais celle-ci se mesure dans le présent, à la hauteur des défis de l’avenir. Surtout, elle ne saurait être confondue avec l’élitisme : ce n’est pas là l’identité démocratique d’une école née du besoin de former gratuitement une jeunesse alors éprouvée par la guerre.

De nos jours, et tout particulièrement ces derniers mois, les jeunes du théâtre connaissent d’autres difficultés pour accéder aux études supérieures et s’y réaliser en surmontant les déterminismes économiques et sociaux. Dans ce monde incertain, en joignant ses forces à celles de la Colline au sein de la Fondation Entrée en Scène, l’ENSATT se donne les moyens de poursuivre sa raison d’être en défendant ses principes : l’égalité des chances, l’encouragement des projets des étudiants, et l’aide à l’insertion professionnelle.

Quels sont les autres activités de la Direction du développement, des partenariats et de la coopération internationale ?

La mission « habituelle » de la direction, outre le lancement de cette Fondation, est de représenter l’école et de développer ses relations extérieures avec des partenaires publics et privés, avec ses homologues et avec le monde professionnel du spectacle vivant dans son ensemble, en priorité à l’échelle internationale ; toute cette activité de représentation institutionnelle étant — j’insiste là-dessus — mise au service de l’épanouissement et de la réussite des étudiants eux-mêmes.

Une grande partie de nos partenariats a par conséquent pour objet de leur offrir des opportunités de mobilité de stage, d’études, notamment dans le cadre du programme Erasmus+. C’est un socle sur lequel nous nous appuyons, pour aller encore plus loin désormais : ces dernières années, l’action de la Direction a permis de nouer des accords-cadres, courant sur plusieurs années, qui laissent la possibilité  de concevoir des activités de différentes natures (artistiques, scientifiques, pédagogiques), au fil de l’évolution de la relation avec nos partenaires, et d’une meilleure connaissance mutuelle.

La plupart prennent racine dans des créations conjointes — de spectacles aboutis ou de petites formes — qui stimulent l’élargissement des horizons esthétiques et concrétisent des échanges de pratiques de formation de travail, de manière incomparablement féconde. L’ENSATT y déploie son modèle d’école-théâtre et la richesse de ses dix formations, qu’elle souhaite mettre à disposition de ses partenaires pour répondre à leurs besoins : les partenariats de formation, voire de création de diplômes d’établissement, sont donc de plus en plus importants pour la Direction.

Si je devais résumer l’ambition commune à toutes ses activités et projets, je dirais qu’il s’agit de faire en sorte que l’école soit présente sur tous les continents et qu’elle puisse tirer parti de la mosaïque culturelle mondiale.

@ENSATT

Concrètement, comment identifiez-vous vos partenaires et comment bâtissez-vous votre action à l’intérieur et à l’extérieur des murs de l’école ?

Nous tenons à ce que tous nos partenariats partent de rencontres humaines, qui font naître un désir sincère de collaborer et sur lesquelles il est indispensable d’établir une solide confiance préalable. Mais tout comme nous n’avons pas de « partenaire-type », je ne peux pas présenter en quelques phrases une « méthode-type » : il s’agit essentiellement de savoir saisir l’occasion, ou de la provoquer !

Il arrive que l’ENSATT soit sollicitée spontanément par des structures professionnelles, des compagnies de théâtre ou d’autres collectifs du spectacle vivant (la danse, par exemple), ou encore par des associations ; nous sommes même en train de préparer l’organisation d’examens avec une faculté, qui a fait appel à l’ENSATT pour recruter des comédiens et un metteur en scène ! Ce qui importe à l’école est de chercher à chaque fois les meilleures opportunités pour entamer une relation mutuellement enrichissante — telles qu’une candidature à un appel à projets — et pour jeter avec ses potentiels partenaires les ponts les plus sûrs et durables possibles.

Ainsi l’école parvient à construire un réseau sectoriel et géographique, et à se situer au croisement des mondes professionnel, de l’enseignement supérieur, voire de la recherche. Pour continuer d’étendre ce réseau et d’alimenter cet « écosystème » partenarial, le lien avec les milliers d’anciens étudiants de l’école, aujourd’hui installés aux quatre coins du globe et œuvrant parfois dans d’autres secteurs que le seul théâtre, est capital.

Or il me semble, après quelques mois seulement passés à mon poste, que ce lien peut être rapidement et efficacement consolidé : je profite de notre entretien pour lancer un appel à toutes celles et tous ceux qui souhaiteraient travailler avec l’école et ses étudiants, ou aider la Fondation Entrée en Scène (par du mécénat financier ou en nature, du bouche-à-oreilles autour de soi, un engagement bénévole dans la communication…) ! Nous communiquerons bientôt sur son lancement, et notamment sur un événement spécial prévu à l’école fin octobre : mais d’ici-là, nous serions ravis de définir comment y participer, avec chacune et chacun.

Comment ces différentes initiatives s’inscrivent-elles dans les parcours et contribuent-elles à l’insertion professionnelle des étudiants ?

J’étais moi-même étudiant il y a encore quelques mois, et je ne peux que souligner l’importance de bénéficier d’un accompagnement constant, tant pour définir et mûrir son projet professionnel, que pour le réaliser en fin de formation. Pour les jeunes professionnels d’un art qui vit de l’ouverture à d’autres cultures et d’autres publics, cela passe nécessairement par la mobilité, et par la découverte de nouvelles possibilités de travail et d’apprentissage, y compris dans des domaines connexes au théâtre. C’est ce que nous cherchons constamment à leur offrir, pour leur plus grand profit semble-t-il : j’ai effectué quelques bilans d’expérience avec des étudiants de retour du Liban ou du Bénin, et j’ai pu constater à quel point ils tenaient à ces voyages et projets en-dehors de l’école.

La dimension professionnelle, en tant qu’aboutissement et concrétisation des études, est au cœur de notre action : c’est ce qui a justifié le rattachement récent du service de l’insertion professionnelle à notre direction, et surtout le recrutement d’une ancienne élève de l’école, Héloïse Grammont (administratrice, promotion 73), qui en est devenue début juin la nouvelle responsable.

Si vous souhaitez vous-même incarner ce lien entre l’école et le monde professionnel, transmettre la mémoire de l’école et donner leur chance aux étudiants qui vous y succèdent, vous êtes les bienvenus pour offrir des stages ou des emplois, pour nous faire part de tous vos besoins de recrutement et bien sûr pour nous proposer vos projets de créations, aussi bien en France qu’à l’étranger.

@ David Anémian

Pour contacter Adrien et avoir plus d’informations au sujet de la Direction du développement et de la Fondation Entrée en Scène :

Adrien Béat

Chargé du développement, des partenariats et de la coopération internationale

+33 (0)4.78.15.99.77

+33 (0)6.58.23.33.93

4 rue Sœur Bouvier – 69322 Lyon Cedex 05

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